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Apostolique

A l’intérieur d’un écrin immaculé, une sculpture de Pierre dialogue silencieusement avec une œuvre murale de Simon. En manifeste opposition « matériaulogique » , un métal noir contraint imprudemment associé à un élément minéral opaque, contraste inéluctablement avec un revêtement de matière plastique souple et transparente, incisé répétitivement méthodiquement et obsessionnellement. L’économie de moyens et de gestes revendiquée ouvre l’interrogation du sens intrinsèque de choix commun aux deux artistes, un souci permanent d’efficacité dans la gestion d’un geste sculptural simple avec peu d’éléments. Les matériaux industriels choisis par Simon sont calibrés, standardisés, et manufacturés se destinent à une fonction périphérique mentionnant une notion de peau d’architecture s’éloignant notablement de l’idée d’ossature d’espace en tension proposée par Pierre. L’utilisation ascétique des moyens légers employés assure l’indépendance vis-à-vis de l’économie, révèle les mystères de l’existence à travers les objets les plus banals de notre quotidien ou affirme un positionnement politique radical sur nos habitudes consuméristes, entrouvrant les portes de l’utopie de la sobriété heureuse ?

Sur le pupitre en bois de rosier fragile se reposent les épines de la partition complexe des lois de la gravité subie par tout corps physique. Tombées du ciel, les météorites galactiques sont aimantées par la force attractive d’une masse plus importante, celle de notre planète en révolution lente. La déformation de nos mers et océans s’enthousiasme des forces d'attraction de la Terre et des éléments célestes influents. L’effet de la force centripète due à la rotation de la Terre autour du barycentre Terre-Lune nous enivre des senteurs iodées de la marée montante. Chargée de sel, l’écume volatile dépose le sel encore humide sur un brin d’herbe courbé par la pesanteur des embruns imperceptibles. Les vagues déferlantes dessinent des cicatrices blanches et régulières sur la surface verte et bleue de la mer irisée. Les intervalles micro-tonaux composent le rythme d’une musique répétitive minimaliste transcendante. Sur le littoral, ici, depuis des millénaires un rocher repose en équilibre précaire sur une avancée péninsulaire de tourbe aux abords érodés par le son monotone des flux et reflux incessants. L’écho des épitres esquissées par le vent de l’espace-temps défie perpétuellement le réceptacle chancelant du témoin sans âge de notre ère géologique.

Paul Raguenes . Avril 2018

pour Pierre Labat et Simon Feydieu.

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